Je me souviens très bien, à cause d’un travail que j’ai fait pour l’université, de l’horreur de Srebrenica – qui était désignée alors par l’ONU, rappelons-le, comme un safe haven et qui abritait à ce titre, protégés par les casques bleus le croyait-on, quelques milliers de civils. Mon père et ma mère me racontèrent alors, bien avant que ces évènements terribles ne fassent l’objet du rapport et des excuses publiques de l’armée hollandaise, comment les femmes et les hommes ont été séparés, des enfants inclus. Il n’est pas besoin de rappeler ce qu’évoque automatiquement ce triage. D’après mon souvenir, les femmes ont été violées devant leurs familles. Après, ce fût le tour des mâles : hommes et enfants, tous ont été tués jusqu’au dernier.
“Et l’ONU?” - j’ai demandé. “Ils ne pouvaient rien faire sans être directment ataqués?” Ce n’était pas aussi simple, mais le fait demeure que pleus de sept mille civils ont été mis à mort à Srebrenica sous la ‘protection’ de l’ONU, et que cette tuerie ignoble, préméditée et délibérée, a bien eu lieu, et que ceux qui y ont pris part et qui l’ont ordonnée ne sont pas des ombres.
L’incapacité et l’impuissance des soldats – et même comment ils étaient quasiment pris en otage... – est encore, pour moi, incompréhensible, voire inacceptable. Aujourd’hui, Radovan Karadzic est finalement devant un juge. J’attends impatiemment l’aboutissement du procès. Et j’espère que sa fin à lui puisse être tout autre que celle de Milosevic.
Source: Newsweek
«Le procès de l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a repris mardi devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, en l'absence de l'accusé, "commandant suprême" du "nettoyage ethnique" en Bosnie, selon le procureur.
"Ce procès est, votre honneur, celui de ce commandant suprême, un homme qui a exploité les forces du nationalisme, de la haine et de la peur pour mettre en oeuvre sa vision d'une Bosnie ethniquement divisée: Radovan Karadzic", a affirmé le procureur Alan Tieger en s'adressant au juge sud-coréen O-Gon Kwon.
Radovan Karadzic, 64 ans, qui se défend seul, n'a pas assisté à la présentation des charges de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie (1992-1995) qui pèsent sur lui, boycottant son procès pour la deuxième journée consécutive.
Une nouvelle audience, au cours de laquelle l'accusation devrait achever sa présentation des charges, aura lieu lundi. Les juges décideront ensuite si le procès se poursuit en l'absence de l'accusé, qui plaide non coupable et réclame davantage de temps pour préparer sa défense, ou s'ils lui imposent un avocat.
Radovan Karadzic a procédé à "un nettoyage ethnique dans de larges portions de Bosnie-Herzégovine" au cours de la guerre de Bosnie, qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés, a affirmé M. Tieger.
"Pendant la conquête du territoire qu'il réclamait pour les Serbes, ses forces ont tué des milliers de Musulmans et de Croates de Bosnie, détenu des milliers d'autres dans des camps sordides et forcé des centaines de milliers d'entre eux à fuir leurs maisons", a poursuivi le magistrat américain.
Il a aussi évoqué la "terreur" de la population de Sarajevo au cours du siège de la capitale qui a fait 10.000 morts et le génocide de Srebrenica, pendant lequel plus de 7.000 hommes et garçons musulmans ont été exécutés en juillet 1995.
"Les forces de Radovan Karadzic ont pris Srebrenica dans un effort pour nettoyer l'une des dernières présences significatives de Musulmans dans l'est de la Bosnie", a souligné M. Tieger.
S'ils déclaraient la Bosnie indépendante de la fédération yougoslave, les Musulmans "disparaîtraient de la surface de la terre", avait menacé M. Karadzic dès 1991, dans un discours dont un extrait a été projeté mardi par l'accusation.
Le magistrat a présenté à l'appui de son argumentation des photos de l'accusé posant avec son alter ego militaire, le général Ratko Mladic, toujours en fuite, ainsi que des extraits de conversations téléphoniques de M. Karadzic.
L'accusé voulait créer "un Etat serbe sur ce qu'il considérait être un territoire historiquement serbe et libéré de ceux qu'il voyait comme ses ennemis", les Musulmans et Croates, qui formaient pourtant plus de 60% de la population bosniaque, a rappelé M. Tieger.
L'accusation doit poursuivre et terminer la présentation des charges lundi. Si l'accusé "persiste dans son refus" et ne se présente pas, le procès peut se poursuivre en son absence ou les juges peuvent lui imposer un avocat, a expliqué le juge O-Gon Kwon.
La chambre décidera de la mesure à prendre après avoir entendu lundi les parties à ce sujet, a-t-il précisé.
M. Karadzic "ne coopérera avec aucun un avocat commis d'office", a affirmé de son côté mardi à l'AFP l'un de ses conseillers juridiques, Marco Sladojevic.
Radovan Karadzic, arrêté en juillet 2008 à Belgrade après treize ans de cavale, doit également répondre de génocide pour des exactions dans les premiers mois de la guerre ainsi que de la prise en otages de 200 observateurs et Casques bleus de l'ONU en mai-juin 1995.»
Source : Agence France Press @
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