17 March 2010

«Jean Ferrat 'c'était ma jeunesse'»

Em homenagem transcrevo um artigo do Le Monde e deixo a sugestão para ouvirem La Montagne, música que ainda este domingo foi cantada por tantos que na rua estavam, na Rue Mouffetard.
A voz permanecerá…
 «Chaude et grave, la voix de Jean Ferrat était entrée dans les foyers français en 1964 avec "La Montagne". Les internautes du Monde.fr rendent hommage au chanteur mort le 13 mars.
Disparition par Isabelle Kotchian
Papa m'a dit: "c'était ma jeunesse". J'ai répondu : "c'était mon enfance". Après Reggiani, Brel, Ferré... C'était le dernier artiste résistant à l'absurdité de notre monde. Son décès m'a touché, et mes parents aussi. La peur de les perdre s'est faite soudain plus intense.
La première fois par Pascal C
La première fois, j'avais 13 ans. J'étais assis devant la chaine hi-fi et je découvrais le 33 toursFerrat chante Aragon. Un vrai choc ! Ma toute première émotion artistique ! La voie et la musique de Ferrat avec les mots d'Aragon, c'était tellement beau que j'ai pleuré tout le long du disque. Après, j'ai découvert Brassens, puis plus tard Ferré. Mais lui, Jean Ferrat, c'était l'exemple, le monument de la grâce, de l'engagement et de l'intégrité réunis. Lui, c'était ma première fois. Impossible d'oublier.
Modulation d'émotion par Jacques Lavani
En 1966, il était passé au Palmarès des chansons. Mes parents n'avaient pas la télévision. Je me rappelle avoir écouté la retransmission de l'émission sur les ondes de France-Inter, à partir d'un transistor Radiola des années 50, en modulation d'amplitude. Pourquoi diable n'ai-je le souvenir, à propos de cette soirée, que de "Potemkine" et de "Nuit et Brouillard" ?
Jean de ma jeunesse par Françoise Oignet
Des souvenirs de ma jeunesse militante me reviennent. J'avais 15 ans en 1964, je venais de perdre mon père. J'ai tout de suite aimé cet artiste qui avait le don de mettre des mots justes sur le devoir de mémoire, sa lutte contre toutes les formes d'exclusions, son combat contre l'oppression politique quelle qu'elle soit. Sa voix chantait aussi bien la liberté que l'amour.
Vu d'Alger par Nora Kaci
J'ai ecouté Jean Ferrat la première fois à l'age de 13 ans dans un collège d'Alger en Algerie. Mon prof à l'époque s'appellait M. Paulus René. Il nous a ouvert la porte de la culture française et de la poésie avec "La Montagne" et j'ai aimé cette chanson. Un vrai coup de foudre. Je l'ai apprise par coeur et transmise à mes filles. Il avait une façon si belle de chanter les femmes, les paysans et ceux qui souffrent. Il nous manquera.
Une lumière dans la longue nuit de pierre par Perfecto Conde
À Saint-Jacques-de-Compostelle, la ville où j'ai fait mes études universitaires et dans la quelle a eu un fort mouvement des étudiants en 1968, Jean Ferrat a été une veritable lumière dans la longue nuit de pierre du fanquisme. Il restera toujours avec nous. Comme Brassens, Leo Ferré, Jacques Brel, Yves Montand, Edith Piaf, Juliette Greco, Charles Aznavour, Georges Moustaki, Fabrizzio de André, José Afonso, Carlos do Carmos, etc.
Dans la salle Atlas par Omar Zelig
Dans les années 1970, la salle Atalas de Bab el-Oued recevait Reggiani, Moustaki, Ferré ou Ferrat, avec Isabelle Aubret en première partie. Les communistes du parti de l'avant-garde socialiste étaient là, en famille, et Jean Ferrat faisait reprendre en choeur à la salle "hou hou méfions nous les flics sont partout". On aurait peut-être dû l'écouter.
"On ne voit pas le temps passer" par Sophie.
Petite fille dans les années 1960, j'ai été bercée par ses chansons sans trop les comprendre. Je me souviens de ma mère écoutant en boucle sur notre électrophone "On ne voit pas le temps passer" qui était la musique du film La vieille dame indigne. Je ne comprenais pas trop cet engouement : moi, je préférais mille fois écouter Joe Dassin! Plus tard, alors que j'étais étudiante, j'ai redécouvert ses textes, notamment "Nuit et Brouillard" et "Potemkine". J'ai acheté à mon tour mon premier vinyl. Encore aujourd'hui, je ne peux pas écouter sa voix sans être remplie de frissons.
Potemkine et les yéyés par Bernadette Houssiere
Au temps des yéyés, quand mes copains se régalaient de Johnny et compagnie, du haut de mes 16 ans, je me démarquais en aimant la chanson poétique. Je découvrais Jean Ferrat et l'amour de ses chansons ne m'a jamais quittée. Je suis toujours émue en écoutant "Nuit et brouillard", "Potemkine" ou "Ma France". Je n'ai malheureusement jamais eu la chance de le voir sur scène. Ses apparitions télé étaient bien rares. Je m'étais promis de lui écrire pour lui dire mon admiration. Il est parti avant que j'ai pu le faire.
Une sorte de "père ideal" par Frederic Bertolino
Je suis né en 1970. Ce sont mes parents qui m'ont fait decouvrir Ferrat. J'adorais "Sacre Felicien". J'ai decouvert ses chansons engagees, ou celles plus poetiques en grandissant. Mes parents qui n'allaient jamais à des concerts s'étaient rendus à Montbéliard pour le voir avant ma naissance. Ils m'en parlaient comme d'un évènement extraordinaire. Il y avait une certaine ressemblance entre mon père et Ferrat. Sa disparitionme donne cette impression d'avoir perdu quelqu'un de proche comme s'il était de ma propre famille.
Une modestie naturelle par Chantal Delpech
Jean Ferrat, pour moi, c'est plus de 45 ans d'admiration et je dirai d'amour au sens large du terme. Me reviennent au coeur toutes ses chansons, bien sûr "Nuit et brouillard", "Potemkine", "Ma France", mais d'autres moins connues et moins engagées, mais aussi belles, "La matinée", en duo avec Christine Sèvres, sa première épouse, "Oural, Ouralou" en souvenir de son chien tant aimé... J'ai eu la chance de le voir sur scène à Bordeaux, en 1970, avec Isabelle Aubret. Ce fut un grand moment de partage, même si son allure dégingandée le rendait assez gauche sur scène. Mais quels textes, quelle voix, et puis la chance de l'approcher, de lui parler, après le récital, comme on disait alors, en toute simplicité, il semblait presque, avec sa modestie naturelle, plus intimidé que moi!» (sic)